Résumé bref de la conférence-débat du 26 novembre 2025

Résumé bref de la conférence-débat du 26 novembre 2025
Le 26 novembre 2025, le Programme GPE a organisé une conférence-débat sur les stratégies d’industrialisation. L’événement a rassemblé les auditeurs du Programme, des représentants ministériels, des universitaires, des chercheurs, des journalistes économiques et des étudiants.
Le Pr. Dieudonné Bondomo Yokono, conférencier principal, a expliqué qu’une stratégie d’industrialisation n’est pas une recette figée, mais un choix stratégique qui se construit. Il a soutenu que le Cameroun a opté pour l’import-substitution en raison du déficit chronique de sa balance commerciale. À titre d’illustration, il a présenté le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (PIISAH) 2024-2026, qui vise à augmenter la production locale de filières essentielles (riz, blé, huile de palme, maïs, poisson, lait, mil/sorgho/soja). Il a montré que les principales filières ciblées influencent fortement le déficit commercial et que la réussite de cette stratégie repose sur trois conditions : (1) une politique protectionniste, (2) le rôle central de l’Etat dans le financement de l’activité industrielle privée, la redistribution des revenus par le biais de politiques sociales dans les domaines de l’éducation, du logement et de la santé, l’investissement de l’Etat dans les secteurs tels que la communication, les transports et l’énergie, la création d’entreprises publiques productives, (3) la création d’un écosystème industriel complet où toutes les étapes du processus de fabrication d’un bien doivent se trouver sur le territoire national en passant de l’extraction/de la production de la matière première à la finalisation du produit terminé. Il a également questionné l’efficacité de la stratégie nationale d’import-substitution face aux engagements internationaux du pays, notamment l’APE, la ZLECAF et les programmes FMI (stabilisation macro-économique et réformes des structures).
Dans une seconde partie de son exposé, le conférencier a présenté deux stratégies alternatives ou complémentaires : la substitution des exportations et les industries industrialisantes, soulignant que le meilleur choix dépend du contexte et de la qualité de la gouvernance.
Le contradicteur, M. Emmanuel Noubissie Ngankam, a pour sa part critiqué les limites conceptuelles et opérationnelles de l’import-substitution, l’étroitesse du marché intérieur et les incohérences du PIISAH. Il a appelé à une révision en profondeur de cette stratégie.
Cette conférence-débat a ainsi mis en lumière la nécessité pour le Cameroun d’adopter une stratégie d’industrialisation flexible, cohérente et fondée sur une gouvernance rigoureuse.


